Description :
Les problèmes de douleur chronique liés au système reproducteur féminin sont des problèmes de santé majeurs pour les femmes. Mal compris, ils entrainent des coûts personnels et financiers considérables. Une de ces conditions est la vestibulodynie provoquée, ou douleur au vestibule vulvaire, touchant 8 à 10 % des femmes. Malgré son impact négatif sur la satisfaction psychosexuelle et relationnelle, il y a peu de recherche empirique évaluant les traitements pour les couples affligés. La recherche réalisée s’appuyait sur les conclusions de nos travaux portant sur l’impact des facteurs relationnels de la vestibulodynie provoquée, ainsi que sur nos recherches antérieures évaluant l’efficacité d’une thérapie de groupe cognitivo-comportementale pour ce problème.
Cet essai clinique randomisé, réalisé à l’Université de Montréal et à la Dalhousie University, visait à évaluer l’efficacité d’une nouvelle thérapie cognitivo-comportementale de couple (TCCC) de 12 semaines pour les femmes souffrant de vestibulodynie, en comparaison avec l’une des interventions médicales de première ligne les plus couramment prescrites, soit la lidocaïne topique. Nous nous intéressions principalement à savoir s’il existait une différence significative entre les deux traitements par rapport à la douleur des femmes lors des relations sexuelles à la suite du traitement. Nous souhaitions également évaluer les différences significatives entre les deux traitements, lors du post-traitement et du suivi six mois, quant au niveau de désagréabilité de la douleur, à la sexualité des femmes et des partenaires (fonction, détresse et satisfaction sexuelles), à l’ajustement psychologique (anxiété liée à la douleur et catastrophisme), à l’amélioration auto-rapportée et à la satisfaction face au traitement.
Les femmes ayant de la douleur lors des relations sexuelles prenaient part à un examen gynécologique à but diagnostic, et les couples participaient ensuite à une entrevue dirigée et complétaient des questionnaires avant le traitement, tout de suite après le traitement et six mois après la fin du traitement. Au total, 108 couples dont la femme souffre de vestibulodynie provoquée ont été assignés aléatoirement à l’un de ces deux types de traitement pour une durée de 12 semaines.
Les femmes ayant suivi la TCCC rapportaient une plus grande diminution du degré de désagréabilité de la douleur, une plus grande diminution de l’anxiété liée à la douleur et du catastrophisme, une plus grande diminution de leur détresse sexuelle, une plus grande amélioration globale de leur sexualité et elles étaient plus satisfaites du traitement reçu. Les partenaires répartis aléatoirement à la thérapie de couple et au traitement de lidocaïne rapportaient des améliorations quant à la fonction sexuelle, la détresse sexuelle et le catastrophisme. Les partenaires ayant suivi la TCCC rapportaient cependant être plus satisfaits du traitement reçu et une plus grande amélioration de leur sexualité globale. Ainsi, la thérapie de couple a été plus efficace que la lidocaïne sur plusieurs dimensions. De plus, les améliorations rapportées par les partenaires ont démontré l’importance de les inclure dans le traitement de la vestibulodynie provoquée.
Cette étude a été approuvée par les Comités d’éthiques de la recherche du CHUM et de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal et a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).
Pour lire l’article principal de cette étude : Bergeron, S., Vaillancourt-Morel, M.-P., Corsini-Munt, S., Steben, M., Delisle, I., Mayrand, M.-H., & Rosen, N.O. (2021). Cognitive-behavioral couple therapy versus lidocaine for provoked vestibulodynia: A randomized clinical trial. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 89(4), 316–326. https://doi.org/10.1037/ccp0000631